Extraits de livres : Fernand de Massan
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Il pense au père Antoine qui lui avait confié un soir sous le figuier.
« Les gens s’imaginent qu’on ne peut pas vivre dans l’abstinence sexuelle. C’est ridicule, on manque de sexe lorsqu’on le désire sinon, on n’y fait pas attention. Est-ce que tu penses souvent à tes dents Fernand ? Non, n’est-ce pas ? Et bien l’envie de sexe, c’est comme une molaire douloureuse ; ça arrive quelque fois, ça peut te faire souffrir, mais ça ne dure pas très longtemps et on finit par l'oublier. »
Fernand se dit que ses rages de dents sont rares, tourne le dos à Marquet et reste obstinément penché sur les souches dont l'automne a taché de sang les dernières feuilles.
Dehors la tempête hurle, dedans, tout devient silence. Mylène raide sur sa chaise, a envie de pleurer. Comment en est-elle arrivée jusque là, dans cette maison triste battue par l’orage en compagnie d’un homme muet qui la regarde avec des yeux de fou et d'une vieille femme qui ressemble à une sorcière ?
Est-ce la fin de sa chute ou bien va-t-elle descendre plus bas encore ?
La mère observe son fils, figé près du vieux vaisselier et cherche, en vain, à comprendre son comportement.
Fernand, lui, veut crier, ou parler, ou seulement murmurer mais il ne peut pas. Depuis que sa Dame est entrée dans leur maison, il lutte contre une force terrible qui le paralyse. Se pourrait-il que lui aussi soit tombé sous le charme de la méchante fée, celle-là même qui a condamné Mylène à la misère ?
Entre deux rafales de vent et les hurlements du tonnerre, le réveil fabrique les secondes une à une.
Les trois personnages, Mylène désespérée, la mère déconcertée t Fernand statufié deviennent peu à peu des éléments du décor. Ils s’enfoncent dans une immobilité étouffante qu’ils vivent sans doute comme un engloutissement inexorable dans l'indigence de leur vie et la fureur de l'orage.
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